Méthodologie de traitement des données de consommation d'énergie et réseaux de chaleur

Ce document présente la méthodologie employée actuellement par l’Observatoire de l’Environnement de Bretagne (OEB) pour produire les données de consommation d’énergie finale (c'est à dire livrée aux utilisateurs) à la maille régionale, et les données concernant les réseaux de chaleur (maille communale). Il détaille les principales sources de données utilisées et les grands principes méthodologiques. Pour aller plus loin, n’hésitez pas à contacter l’OEB via energie [@] bretagne-environnement.fr


I. Principes généraux

L’OEB établit chaque année un bilan régional de la consommation d’énergie finale. Celui-ci est réalisé avec presque deux ans de décalage (exemple : le bilan régional de l’année 2021 est publié fin 2023) car certaines sources de données ne sont publiées que 18 mois après la fin de l’année civile.

À la maille EPCI, l’OEB publie des données de consommation d’énergie qui proviennent de l’inventaire d’Air Breizh (ISEA), qui a une méthodologie spécifique permettant d’estimer la répartition territoriale des consommations.

En effet, si les open data (en particulier agence ORÉ et ODRÉ) facilitent grandement la mise à disposition des données de consommation pour le gaz et l’électricité, les consommations de produits pétroliers, de bois, ou encore de chaleur sont plus difficiles à évaluer à la maille communale.

Ce document détaille la méthodologie employée pour établir le bilan régional, publié chaque année dans le mémento.


II. Méthodologie par énergie

1. Produits pétroliers

La consommation régionale de produits pétroliers est évaluée principalement grâce aux données locales de consommation d’énergie [1] , publiées par le SDES. Afin de sectoriser les consommations, plusieurs sources complémentaires sont utilisées :

  • l’enquête EACEI [2] de l’INSEE, utilisée pour évaluer les consommations de produits pétroliers de l’industrie (butane, propane et GPL) ;

  • les données régionales de l’énergie [3] publiées par le SDES, utilisées pour isoler la part agriculture et pêche des consommations locales de produits pétroliers. Ces données proviennent de l'enquête Rica pour l'agriculture et des données de ventes du SDES pour la pêche ;

  • le bilan publié annuellement par l’Union des Aéroports Français est utilisé pour évaluer la consommation de kérosène ;

  • le bilan énergétique de la France est utilisé pour évaluer la part de bioessence et la part de biodiesel (application à la Bretagne du ratio observé à la l’échelle nationale). Ces volumes sont retranchés des données locales de consommations d’énergie et présentés de manière isolée (rattachés au poste « Autres »).

Les consommations des secteurs résidentiel et tertiaire sont déduites de la différence entre la consommation totale régionale et la somme des consommations des secteurs agriculture/pêche, transports et industrie. Le solde est affecté au résidentiel et au tertiaire selon les proportions observées à l’échelle nationale (40% au tertiaire et 60% au résidentiel en 2021).

En l’absence d’information contraire, il est supposé que l’ensemble des données fournies par le SDES excluent les livraisons aux centrales de production d’électricité, tout comme aux unités de production de chaleur livrée sur des réseaux urbains.


2. Electricité

La consommation d’électricité est évaluée principalement grâce au jeu de données des consommations départementales de gaz et d’électricité, ventilées par code NAF, publié par l’Agence ORÉ [4].

La sectorisation est légèrement revue afin d’isoler la part transport, car le jeu de données initial présente les macro-secteurs « résidentiel », « tertiaire », « industrie » et « agriculture ».

La part du transport est obtenue en isolant les libellés de secteur NAF correspondant au transport. Cette consommation est ensuite retranchée du secteur tertiaire. Le secteur « inconnu » (inférieur à 0,1% de la consommation électrique régionale) est affecté aux autres secteurs de manière à optimiser la cohérence avec les données régionales de l’énergie.


3. Gaz naturel

La consommation de gaz naturel est évaluée principalement grâce au jeu de données des consommations départementales de gaz et d’électricité, ventilées par code NAF, publié par l’Agence ORÉ [5].

La part de biométhane sur les réseaux de gaz (calculée dans le cadre de l’exercice sur la production de biogaz) est retranchée des volumes de gaz naturel consommés fournis par l’Agence ORÉ, et présentée de manière isolée (rattachée au poste « Autres »).

Les volumes de gaz consommés par les unités de cogénération, les chaudières ou encore la centrale à gaz de Landivisiau sont retranchés des consommations régionales de gaz naturel du secteur industrie, dès lors que l’énergie finale issue de ces unités de production d’énergie est livrée via réseau. En effet, ces consommations de gaz permettent la production d’électricité ou de chaleur qui sont comptabilisées par ailleurs.

La consommation du secteur transport est tirée du jeu de données ODRÉ sur la consommation régionale de GNC [6]. La consommation du résidentiel et du tertiaire est déduite du total auquel sont soustraits les consommations de l’industrie, industrie de l’énergie, agriculture et transport.


4. Bois

i) Bois domestique

La consommation de bois domestique est calculée dans le cadre de l’exercice d’évaluation de la production d’énergie dans les territoires bretons. Ces données sont reprises pour le bilan régional de consommation, car on suppose que la consommation est égale à la production pour cette filière.

ii) Chaleur issue des chaufferies bois, valorisée hors RCU

La production de chaleur par les chaufferies bois est calculée dans le cadre de l’exercice d’évaluation de la production d’énergie dans les territoires bretons. Ces données sont reprises pour le bilan régional de consommation, car on suppose que la consommation est égale à la production pour cette filière. Seule la part non valorisée sur des réseaux de chaleur urbains (i.e. micro-réseaux) est retenue dans le poste « bois ».


5. Chaleur réseau

Un suivi des installations de réseaux de chaleur urbains (RCU) est effectué par l’OEB. Celui-ci a été consolidé au fil des ans, et amélioré par l’enquête réalisée en 2018 par le CEREMA, ainsi que l’enquête EARCF (enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et froid) mise à disposition chaque année par le SDES dans les données locales de consommation d’énergie. Des données transmises directement par les collectivités (Rennes Métropole et Brest Métropole en 2021) complètent les données du SDES. Le suivi effectué par l’OEB sur les chaufferies bois, la méthanisation, les UIOM et la cogénération fossile permettent également d’affiner le suivi des RCU mis à disposition par le SDES. En effet, l’EARCF recense une trentaine de RCU en Bretagne, contre une centaine dans la base de données de l’OEB.


6. Autres

i) Solaire thermique

La consommation d’énergie via le solaire thermique est calculée dans le cadre de l’exercice d’évaluation de la production d’énergie dans les territoires bretons. Ces données sont reprises pour le bilan régional de consommation, car on suppose que la consommation est égale à la production pour cette filière.

ii) Pompes à chaleur

La consommation d’énergie via les pompes à chaleur est calculée dans le cadre de l’exercice d’évaluation de la production d’énergie dans les territoires bretons. Ces données sont reprises pour le bilan régional de consommation, car on suppose que la consommation est égale à la production pour cette filière.

iii) Chaleur issue du biogaz, valorisée hors RCU

La production de chaleur par les installations de méthanisation est calculée dans le cadre de l’exercice d’évaluation de la production d’énergie dans les territoires bretons. Ces données sont reprises pour le bilan régional de consommation, car on suppose que la consommation est égale à la production pour cette filière. Seule la part non valorisée sur des réseaux de chaleur urbains (i.e. micro-réseaux) est retenue.


III. Méthodologie correction climatique

Les données du bilan énergétique régional présenté par l’OEB sont corrigées des variations climatiques, afin de permettre une analyse des évolutions à climat constant. Ainsi les évolutions traduisent réellement les efforts « choisis » plutôt que les effets de la météo.

La méthodologie employée par l’OEB est simplifiée, et basée sur un jeu de coefficients de thermo-sensibilité ancien (qui était publié par le SOeS, aujourd’hui SDES [7], et Enedis), qui n’est aujourd’hui plus disponible et donc non tenu à jour.

Cette grille de coefficients est présentée ci-dessous :

Secteur Energie Part thermosensible Source
Agriculture Produits pétroliers 0,7 SOeS
Agriculture Gaz naturel / biométhane 0,7 SOeS
RT Charbon 0,75 SOeS
RT Produits pétroliers 0,6 SOeS
RT Gaz naturel / biométhane 0,7 SOeS
RT Electricité 0,25 Enedis
RT Bois 0,7 SOeS
RT Chaleur réseau 0,7 SOeS
Industrie Produits pétroliers 0,1 SOeS
Industrie Gaz naturel / biométhane 0,17 SOeS
Industrie Electricité 0,7 SOeS

Ces coefficients interviennent dans une formule qui tient compte de l’indice de rigueur d’une année donnée, lequel est défini comme le rapport entre les DJU (degrés-jours unifiés) de l’année considérée et la moyenne des DJU d’une période définie comme étant la référence (actuellement : 1991-2020).

Les DJU d’une année sont la somme des degrés-jours des jours de la saison de chauffe (toute l’année sauf juin-septembre), les degrés jours étant l’écart entre 17°C et la moyenne des extrêma des températures, soit (Tmin+Tmax)/2. Les degrés jours sont comptabilisés uniquement si cette température moyenne est inférieure à 17°C.

L’OEB utilise la série des DJU régionaux annuels fournie par le SDES [8].

La formule appliquée pour calculer une consommation corrigée des variations climatiques est la suivante :

= / * (